Le nouveau maire de Caen peine à exister dans sa ville (Le Figaro du 29 déc. 2008)

MUNICIPALES
Passée à gauche en 2008, la ville a désormais à sa tête Philippe Duron, député et maire socialiste. Mais des résultats concrets se font attendre. Caen « MAIS que fait Philippe Duron ? » s’interroge-t-on à Caen, neuf mois après son élection. « Il fait de la com », assure l’opposition emmenée par l’ancien maire UMP Brigitte Le Brethon. Une dizaine de réunions locales, des états généraux de la démocratie de proximité, une fête dans le quartier populaire de la Grâce-de-Dieu constituent autant d’actions revendiquées par la nouvelle majorité de gauche : « Nous avions dit que nous irions à la rencontre des habitants pour instaurer un nouveau dialogue, nous le faisons », répond Philippe Duron.

L’alternance et l’arrivée d’une nouvelle équipe, dont beaucoup de néophytes, ont pesé sur le fonctionnement : les trois premières réunions du conseil municipal ont ainsi été consacrées à la mise en place des commissions, délégations, représentations, etc. La présence d’élus de la société civile a vite montré ses limites.

Dès sa prise de fonctions, Philippe Duron, 60 ans, a assis son pouvoir. Président de l’agglomération Caen-la-Mer, de NormandieAménagement, l’agence de développement économique, et de Caen-Métropole, le maire cumule tous les postes. « Mais j’ai dû consacrer beaucoup de temps à réconcilier Caen avec son entourage quelque peumalmenéparmonprédécesseur. J’ai rencontré le personnel communal (2 000 personnes), les maires des 29 communes de l’agglomération et le conseil général », se défend-il.

En première ligne

Les réunions avec les autres maires ont permis l’adoption du principe d’un impôt d’agglomération sur les ménages. Mais avec seulement 60 voix pour et 56 contre, ce qui montre les limites du consensus cher à Philippe Duron.

À peine élu à la mairie, l’ancien président de la Région Basse-Normandie s’est retrouvé en première ligne : dissolution du 18e

régiment de transmissions dans le cadre de la réforme militaire (1 000 personnes), remise en cause du projet de nouveau palais de justice et 370 suppressions d’emploi à NXP (ex-Philips). Dans ces trois dossiers, les résultats de la nouvelle équipe restent peu visibles.

La volonté affichée de Philippe Duron de marquer d’emblée son empreinte sur un projet d’aménagement urbain n’a pas pu non plus se concrétiser. Le dossier des « Rives de l’Orne », qui prévoit centre commercial, logements, bureaux et cinéma près de la gare, a été passé au peigne fin. En vain.

« Ils ont repris le dossier tel que nous l’avons laissé », triomphe Brigitte Le Brethon. Seules véritables réalisations de la municipalité, la « piétonnisation » estivaled’uneplace du centre-ville, qui n’a pas rallié tous les suffrages, et la création de trois nouvelles garderies scolaires.

Habitué aux grands dossiers d’aménagement du conseil régional, Philippe Duron a changé de planète pour gérer le quotidien d’une ville de 110 000 habitants. On n’a ainsi guère entendu la mairie lors de la récente grève des bus.

Les habitués du conseil régional assurent qu’il avait fallu un an à Philippe Duron, élu président de Région en mars 2004, pour prendre la mesure du poste et s’imposer. À l’exception notable des élus du Nouveau Centre, l’opposition municipale de droite réunie sous l’appellation « Caen 2014 » n’a pas mis ce délai à profit pour imposer un leader. Le maire privilégie ostensiblement Brigitte Le Brethon. « Ce pourrait être le Mexandeau de la droite : cinq échecs à la mairie », espère un adjoint PRG.

Le salut de la droite viendrait-il de la commune voisine d’Hérouville-Saint-Clair ? Dans cette ville de 24 000 habitants, où Ségolène Royal a obtenu 67 % au second tour de la présidentielle, le surprenant maire MoDem, Rodolphe Thomas, 45 ans, a conservé son poste dès le premier tour. Et a même arraché un siège de conseiller général au PS. En politique comme au football, les transferts sont possibles.