Chers amis,
En cette période de rentrée, je veux faire le point avec vous sur la situation
politique, notamment les évolutions possibles dans l'espace du centre, et vous
inviter à notre université de rentrée, qui sera particulièrement cette année un
moment de débat très important.
Depuis plus d'une
décennie, je me bats pour que les familles du Centre acceptent de se réunir.
Il y a un an, le 4 octobre 2012, je vous écrivais : "Le centre ne pèsera dans la vie politique
française que s'il accepte une démarche d'unité entre tous ceux qui croient
dans son avenir. Un regroupement du centre droit se forme. Nous pouvons
parfaitement travailler avec lui car nombre de ceux qui le composent ont eu des
liens avec nous, même s'ils ont choisi un autre chemin. Nous sommes donc
ouverts à un partenariat entre le Modem et l'UDI."
Je n'ai pas changé d'avis depuis cette lettre et j'ai répété, à de multiples
reprises, cette affirmation.
C'est d'autant plus nécessaire et frappant que le Centre est, sur l'échiquier
politique français, la seule famille divisée dans son organisation alors
qu'elle est unie sur les idées, les autres étant unies dans leur organisation,
alors qu'elles sont profondément divisées sur les idées !
Cette perspective de rapprochement, sous l'effet de la nécessité, a progressé
dans les esprits. Chacun a pu vérifier qu'il était difficile, si nous restions
divisés, non pas de se faire entendre, mais de peser sur les événements.
Pendant les vacances, de nombreux responsables de nos familles politiques
séparées m'ont adressé des messages positifs en ce sens. La semaine dernière
Jean-Louis Borloo, président de l'UDI, s'est fortement engagé dans le même
sens.
Je suis arrivé à
la conclusion que ce rapprochement, impossible hier, devenait possible
aujourd'hui.
Bien sûr, ce mouvement n'est pas achevé. Il reste à préciser la démarche et à
réfléchir à la mise en œuvre. Mais, pour moi, il s'agit d'une démarche de fond,
sur le long terme, non pas seulement pour les mois qui viennent, pas seulement
pour une élection, mais pour une génération. C'est la solidité et la
détermination qui m'importent.
L'idée d'une liste commune aux Européennes est nécessaire, mais pas suffisante.
Si une liste était mise sur pied pour une seule élection, elle serait perçue
comme un cartel électoral sans lendemain et elle ne pourrait pas convaincre. Si
on se présente ensemble, il faut avoir ensemble un projet de long terme.
Dans la même lettre, il y a un an, j'ajoutais : "La condition de l'unité, que nous acceptons
par avance, et que nous demandons pour nous-mêmes, c'est que chacun soit
respecté dans son parcours, dans sa liberté de jugement, et que toutes les
sensibilités y trouvent leur place." Là encore, mon jugement
n'a pas changé. Le but de ce travail de rassemblement est de faire des
additions de toutes nos richesses et non pas des soustractions.
Chacun des deux
mouvements doit être respecté dans ses valeurs, dans sa manière de voir la
politique, dans son identité, dans son histoire propre.
Naturellement, je vous dirai, au fur et à mesure que ce travail progressera,
les étapes de notre réflexion et lorsqu'il le faudra nos instances seront
appelées à délibérer.
Cette entreprise
nouvelle de rassemblement du centre sera bien entendu discutée à l'Université
de rentrée de Guidel. Ce sera un moment riche et passionnant de
nos débats.
Nous traiterons aussi évidemment de notre vision de l'avenir national et
européen. Ces dernières semaines, j'ai déploré, profondément, que le
gouvernement manque sur des points essentiels à l'attente de nombre de
Français. Il a éludé la nécessité de reconstruire des pans entiers de la
société française, mis en péril par un trop long immobilisme.
C'est le cas des retraites. On nous avait annoncé une réforme durable, solide
et profonde. Nous avons eu, comme à l'habitude, quelques rustines qui ne
corrigeront pas un déséquilibre menaçant. C'est le cas aussi de nos
institutions. Le labyrinthe des collectivités locales, loin d'être corrigé, est
encore aggravé. L'État est maintenu dans une organisation qui le rend
inefficace et par conséquent très dépensier. La charge fiscale toujours plus
lourde en est la preuve. C'est le cas de la vie démocratique de notre pays, qui
n'est l'objet d'aucun changement conséquent. C'est le cas de la crise syrienne
où le gouvernement français en choisissant l'option militaire et la "punition"
a pris de graves risques. C'est enfin le cas de l'Europe où aucun
éclaircissement et aucune avancée ne sont constatés malgré des annonces de
gouvernement économique de la zone euro, par exemple, qui demeurent sans aucune
suite.
Tous ces sujets seront abordés au cours des trois journées de rendez-vous à
Guidel, les vendredi 27, samedi 28 et dimanche 29 septembre.
Des personnalités de premier plan ont accepté de participer à nos débats, sur
la situation au Proche-Orient, sur l'état de l'économie française, sur le
projet européen. Je vous adresserai dès cette semaine la liste de ces débats et
de ces personnalités.
Il est
indispensable que vous vous inscriviez au lien suivant :
http://ur2013.mouvementdemocrate.fr/
Dans l'attente de vous retrouver à Guidel en ce moment passionnant, je vous
prie de croire à mon amitié que vous savez fidèle.
François Bayrou