Face à la volonté de Ségolène Royal d’ouvrir le Parti socialiste au centre, François Bayrou refuse de perdre du temps avec des « négociations d’appareil ». Franck Faveur, président des jeunes démocrates, réaffirme cette position. Préférant travailler à un projet d’alternance, il estime cette question des alliances prématurée. Interview.
 

Quel regard portez-vous sur la situation actuelle du Parti socialiste ?
FRANCK FAVEUR. Je suis assez surpris par tout ce qui se passe en ce moment chez les socialistes. À l’heure où ils sont censés discuter de leur ligne politique, faire émerger une stratégie claire et rassembler les Français, on ne les entend parler que d’une alliance avec le MoDem. L’image qu’ils donnent est celle d’un parti divisé où le déchirement entre personnes prime. Ce n’est pas notre façon de faire de la politique. Au MoDem on se soucie davantage du projet de société que l’on va proposer aux Français que des éventuelles alliances. Ce genre de questions se posera bien plus tard.

 

Malgré tout, cela permet au MoDem de revenir sur le devant de la scène politique. La stratégie de François Bayrou en sort-elle renforcée ?
Il est certain que si le Parti socialiste aime parler de nous, on ne s’en plaint pas. Mais quand cela est fait dans une pure stratégie d’alliances, cela ne nous intéresse pas. Ce n’est pas comme cela que l’on voit les choses. Je ne crois pas que le PS donne un crédit supplémentaire au discours de François Bayrou. Ce qui se passe au PS nous crédibilise au niveau médiatique. Les échéances politiques c’est ce qui crédibilise un parti, ce n’est pas de parler d’une possible alliance pour une échéance qu’on ignore encore.

François Bayrou critique le PS pour son incapacité à « sortir une idée ». Les difficultés du parti socialiste lui permettent-elles de s’imposer comme la seule opposition valable ?
Il n’a pas besoin de la cacophonie du Parti socialiste pour incarner l’opposition. Cela fait des mois que l’on n’entend plus le PS. Il n’y a personne chez eux pour rassembler et s’opposer. Nous qui sommes au MoDem, nous savions que ce n’était pas tenable et l’on se demande d’ailleurs ce que cela donnera politiquement lors des prochaines échéances comme les élections européennes. Or qui a t-on entendu tout l’été critiquer la politique du gouvernement ? C’est François Bayrou. C’est ainsi que son image d’opposant s’est forgée. Le désordre du PS le fait simplement ressortir un peu plus. À nous maintenant de proposer un projet humaniste, un projet d’alternance, qui réponde aux maux des gens de ce pays. On aura le temps des tambouilles politiques.

Votre objectif est de battre Nicolas Sarkozy en 2012. C’est aussi l’ambition du PS. Seuls, vos deux partis n’y arriveront pas. Les alliances ne sont-elles pas inéluctables ?
Certes. Les alliances se feront. Mais pas uniquement avec le PS. Tous ceux qui souhaitent un changement et qui veulent porter un projet différent se réuniront et feront campagne ensemble. J’espère un grand rassemblement autour d’un projet commun qui ne soit pas fait uniquement avec des gens du PS et du MoDem. À l’UMP aussi il y a des déçus du sarkozysme. La question des alliances a toujours été. On aura le temps d’en reparler. La priorité c’est un projet cohérent.

Le MoDem n’est pas un allié naturel de la gauche. Vous comprenez ceux qui défendent un ancrage à gauche ?
Je me demande ce que signifie être de gauche et être de droite. Pour moi ça ne veut rien dire. Je suis étonné d’entendre Martine Aubry rejeter une alliance avec le centre, elle qui dirige Lille avec le MoDem. Je crois que pour répondre aux attentes des Français, il ne faut pas empêcher les alliances. L’intérêt général doit passer avant l’intérêt politique. Il me semble que les socialistes doivent de leur côté se demander ce que ce que veut dire être socialiste. C’est à eux de définir leur orientation. Ce n’est qu’après que nous pourrons discuter.

Que pensez vous de la proposition de Ségolène Royal de soumettre au vote des militants cette question des alliances ?
Que Ségolène Royal fasse voter les militants me laisse indifférent. Mais je ne comprends pas l’intérêt de cette démarche. C’est pour quelle échéance politique qu’elle propose cette alliance ? Nous nous sommes en ordre de bataille. Nous ne sommes pas là pour voter sur une alliance mais pour un projet. Je milite pour cette politique pas pour une politique de tambouille. Ces questions n’intéressent pas les gens.

Une alliance avec le PS, c’est un jeu dangereux pour le MoDem. Un positionnement centre gauche du PS laisserait finalement peu de place au MoDem ?
De quel PS parle t-on ? Celui de Benoît Hamon, de Martine Aubry qui défendent un ancrage à gauche ? Avec cette aile gauche du PS, le rassemblement est compliqué. Avec la gauche sociale-démocrate, nous partageons des idées communes de sociale démocratie. Cependant on ne sait toujours pas qui va être premier secrétaire. Les partisans d’une alliance avec le centre ne représentent que 29% des militants socialistes. On ne sait pas non plus quelle sera la ligne choisie par le futur dirigeant après son élection. Tout cela vient beaucoup trop tôt.

Concevoir une alliance avec le PS, cela signifie t-il pour vous que le meilleur premier secrétaire serait Ségolène Royal ?
Ségolène Royal n’est pas la candidate du centre. Aux européennes, aux régionales nous aurons notre liste indépendante. Au premier tour de l’élection présidentielle, le MoDem arrivera avec son propre projet. Si nous n’y arrivons pas seuls, on regardera autour de nous. La première étape est de parler aux français et ensuite de rassembler.

Vous insinuez donc que votre parti est prêt à discuter et négocier avec le PS en vue de 2012 ?
Si Ségolène Royal veut nous rejoindre dès le premier tour, c’est possible ! Encore une fois, nous aurons notre candidat et notre projet au premier tour. Au second tour, il sera possible de rassembler autour d’un projet commun tous ceux qui veulent un projet différent de celui de Nicolas Sarkozy. Les alliances, je suis pour, mais avec le maximum, pour remporter l’élection.

Propos recueillis par Mikaël Ponge, lecourant.info

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