En photo, Rodolphe Thomas ne veut pas entendre parler d'abandon du tramway sur pneus à Caen.
Entretien - Rodolphe Thomas, conseiller général Modem d'Hérouville-Saint-Clair et vice-président de Viacités.
Ouest-France : Le conseil général veut sortir de Viacités, le syndicat des transports en commun de l'agglo caennaise. Vous comprenez ?
Je peux comprendre mais je ne le souhaite pas. Je voterai contre cette proposition. Le conseil général doit prendre en compte que la population de l'agglo représente la moitié des habitants du département. Le président de Viacités, Eric Vève (NDLR : conseiller général PS de Caen) a tout fait pour acculer le département à se retirer. Il nous a amenés à une opposition fratricide et idéologique entre les deux collectivités.
Vous lui en voulez ?
Plus que ça ! Je l'accuse de mauvaise gestion et de manque de transparence. Et je pèse mes mots...Que lui reprochez-vous exactement ?
Depuis 3 ans, Eric Vève a augmenté sans précédent l'offre de transport : 800 000 km de nouvelles lignes de bus. Cela a entraîné 60 emplois supplémentaires et un surcoût de 6 millions d'euros par an, sur un budget de 28 millions d'euros. La fréquentation et le service devaient être améliorés.
Ce n'est pas le cas ?
Le résultat est catastrophique ! Entre 2008 et 2010, le délégataire Keolis a enregistré une baisse de 1,5 million de voyageurs. Qui va payer ? Les contribuables, les collectivités et les entreprises de plus de 10 salariés, dont la taxe transport va passer de 1,8 % à 2 %, soit le taux maximum.
Viacités n'est pas responsable des pannes à répétition du tramway !
Non, mais Eric Vève aurait dû exiger de Bombardier qu'il assume le contrat qui le lie à Viacités. Au lieu de ça, il a accepté que Keolis reprenne en 2008 la maintenance du tramway. Bombardier avait minimisé les coûts pour remporter le marché.
D'où tenez-vous cela ?
Cela ressort d'un rapport d'expertise de juillet 2007. Il avait été demandé par l'ancienne présidente de Viacités, Sylvie Morin-Mouchenotte. Cela fait trois ans que je le réclame à Eric Vève, sans succès. Je comprends pourquoi : les conclusions sont accablantes ! Je me le suis malgré tout procuré...
Ce barrage pour avoir accès à l'information a-t-il servi à influencer les décisions des élus ? Pourquoi Eric Vève, qui avait le rapport, n'a pas engagé d'action en justice contre Bombardier ?
L'abandon du tram sur pneus va résoudre le problème ?
Pas du tout ! Eric Vève doit exiger de Bombardier qu'il aille jusqu'au bout de son contrat, en 2032. Nancy l'a bien fait. Cela veut dire mettre à disposition un tram sur pneus qui fonctionne. Son remplacement par le fer pour la 1re ligne coûterait entre 170 et 200 millions d'euros. C'est insupportable. Cela obligerait à abandonner la 2e ligne de tramway au profit de bus à haute qualité de service. Je m'y refuse. Et je ne vais pas lâcher...
Guillaume BALLARD - Ouest-France