Gérard Becher, présidentde l'antenne caennaisede l'UFC (associationde défense des consommateurs)Les UFC Que choisir de Caen, Vire et Bayeux dénoncent la « distribution effrénée » des crédits revolving. Rencontre avec Gérard Becher, président caennais.
Entretien
Comment avez-vous mené cette enquête ?
En janvier, nous nous sommes présentés dans 12 magasins et trois banques (1), en disant vouloir acheter un appareil type lave-linge ou télé. Nous avons aussi testé 9 établissements de crédit via Internet.
Votre constat ?
Accablant. Dans 87 % des cas, pour financer notre achat, on nous a orientés vers un crédit revolving, appelé aussi crédit renouvelable ou permanent (réserve d'argent). Selon l'établissement, son taux d'intérêt varie entre 13 et 21 %, proche du taux de l'usure.
Vous dénoncez le crédit revolving ?
On n'a rien contre, en soi. Mais ce type de crédit à la consommation a été dévoyé. On dénonce sa distribution effrénée. Il est déjà omniprésent dans les dossiers de surendettement (5 255 déposés dans la région en 2007). On craint qu'avec la crise, les banques restreignent les crédits classiques, que les gens aillent encore plus vers le revolving.
Comment cela se passe dans les magasins ?
Ils ne nous ont proposé que du revolving. En outre, les informations de base (taux et mensualités) n'ont jamais été données clairement, en même temps. Le coût du crédit est masqué.
Quelles garanties sont demandées à l'emprunteur ?
Dans 92 % des cas, on ne vérifie pas sa solvabilité. Au mieux, on demande ses revenus, mais jamais ses charges.
Sur Internet ?
Sur les sites, d'autres formes de crédit existent. Mais on a toujours été dirigés vers le revolving.
Les banques sont les bons élèves ?
Oui. Elles nous ont présenté d'autres types de crédits. Mais il faut tempérer : la plupart ont par ailleurs des participations dans les établissements de crédit.
Que demandez-vous ?
De la réglementation pour assainir la situation. Une interdiction du revolving sur les lieux de vente, qu'il ne soit pas associé à des cartes. Une publicité non trompeuse, un contrat lisible. On va interpeller les élus locaux, pour peser dans le débat. On invite les consommateurs à faire de même.
Propos recueillis par Virginie JAMIN.
Journal Ouest-France du vendredi 6 février 2009
Edition : Calvados - Rubriques : Départementale
(1) Lieux de vente testés : Carrefour Hérouville, Carrefour Mondeville, Leclerc Caen, But Mondeville, Darty Mondeville, Conforama Mondeville, Boulanger Mondeville, Fnac Caen, But Vire, Expert Vire, Carrefour Market Bayeux, Leclerc Ifs. Banques : Crédit agricole Saint-Martin-de-Fontenay, Société générale Caen, Caisse d'épargne Bayeux.
