Philippe Renault

François Bayrou entend tirer les leçons des échecs, sans abandonner son identité. : Philippe Renault

À l'occasion du conseil national de son parti, aujourd'hui à huis clos, le patron du MoDem, blessé,mais pas KO, confie à Ouest-France les leçons qu'il tire de son échec aux européennes.

La solitude du chef. « Ce n'est pas vrai. J'ai fait élire des députés européens de premier plan qui sont destinés à former une équipe, depuis Sylvie Goulard jusqu'à Robert Rochefort, Jean-Luc Benhamias, Marielle de Sarnez, Corinne Le Page. Ce sont des gens qui ont la dimension médiatique pour constituer une équipe avec moi. »

La claque des européennes. « Ça n'a pas été des jours agréables. Des coups durs, dans la vie, on en traverse. C'en était un. Parlant de la précédente campagne dans l'Illinois, Barack Obama dit : « Tout ce qui pouvait mal tourner a mal tourné. » C'est exactement ça. Y compris l'incroyable succès de mon livre, qui a écrasé la communication du reste de la campagne. Le moment de sa sortie a joué contre nous. »

Un échec personnel.
« Probablement. C'est le temps des mea culpa, tout le monde demande pardon... C'est pas trop mon genre, mais je veux tirer les leçons de tout ça. Je pense nécessaire de corriger un certain nombre de choses. D'être moins batailleur. J'ai été beaucoup dans le conflit. Ça le méritait, puisque Nicolas Sarkozy reconnaît lui-même qu'il s'était trompé sur un certain nombre de sujets. Mais je pense qu'il est nécessaire d'avoir une nouvelle approche. »

La place du MoDem.
« Il faut que les Français entendent une parole de vérité qui ressemble à ce qu'ils pensent et à ce qu'ils attendent. Le Parti socialiste est dans un état spectaculairement inquiétant. Nous, on vient de connaître un revers. Je ne suis pas sûr que l'écologie puisse transformer en parti politique son résultat électoral. Et Nicolas Sarkozy lui-même n'enregistre qu'un score proportionnellement faible. Tout le monde se trouve devant des questions. »

Le message aux militants.
« Le vrai chiffre n'a pas été commenté. C'est le 60 % d'abstention, 80 % chez les jeunes. Si on se fixe comme seul objectif, obsession, de parler à ceux-là, et de parler en vérité, alors on verra apparaître un paysage nouveau. Un débat va naître inéluctablement : on ne peut pas conduire un pays à une accumulation de dettes comme celle qu'on est en train de faire. Cette question, en réponse à laquelle j'ai proposé un emprunt européen pour partager le risque, a des inconvénients qui vont commencer à apparaître, car ce sont les plus faibles qui vont payer l'addition. »

La gouvernance du parti.
« Les changements que je vais annoncer sont assez importants. Direction élargie, expression plurielle, il y aura tout ça. La question des régionales, nous la poserons à partir de la rentrée. Je vais proposer un calendrier. »

Des primaires à gauche.
« L'élection présidentielle, c'est dans trois ans. Personne ne peut dire ce qui va se passer. On verra ça plus tard. Je sais seulement que je n'abandonnerai jamais mon identité. »

Recueilli par Michel URVOY.

 

« François Bayrou : « J'ai été trop batailleur » (Ouest-France du samedi 4 juillet 2009)

François Bayrou : « J'ai été trop batailleur » (Ouest-France du samedi 4 juillet 2009)

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