François Bayrou pense avoir traversé la période la plus "aride" après la présidentielle. Un an et demi a passé, et le voilà reparti en campagne. Le président du Mouvement démocrate (MoDem) applique les mêmes recettes : en déplacement "sur le terrain", rencontres avec des élus, des représentants d'associations, des salariés, sans oublier la presse régionale. Il effectuait une première étape dans l'agglomération lilloise, les 22 et 23 octobre.

L'ancien candidat à l'élection présidentielle ne pâtit pas de son isolement sur le champ politique. Sa popularité restée intacte est surprenante. Les passants le saluent, l'encouragent. Les chauffeurs s'arrêtent, le hèlent. Lui traverse la rue pour engager la conversation. "Les gens sont encore plus ouverts quand ils savent que vous n'êtes pas là pour leur "vendre" quelque chose", explique-t-il.

Ce déplacement était aussi pour M. Bayrou l'occasion de tirer quelques premiers enseignements de la crise. S'il donne acte à Nicolas Sarkozy d'avoir été "assez juste" dans la conduite de la présidence européenne, il n'en demeure pas moins "en opposition sur le fond".

"Sarkozy a dit tout et son contraire, chaque fois avec la même sincérité, note-t-il. Son modèle, c'est le capitalisme et la mondialisation. Ce modèle est aujourd'hui gravement lézardé. Je ne crois pas à la distinction entre un capitalisme financier et un capitalisme vertueux. Ce qui caractérise ce système, c'est la croissance des inégalités. Moi, mon modèle, c'est l'humanisme et la justice."

Pour le président du MoDem, "nous sommes entrés dans un cycle où la crise financière entraîne crise économique, crise sociale et crise politique". "Je veux être aux côtés de ceux qui souffrent de la crise, ajoute-t-il. Deux questions sont dans la tête de tous les gens. Tous ces milliards, d'où ils sortent, qui va payer ? Alors que pour les banques il n'y a pas de limites, pour nous il n'y a rien, de plus en plus rien. On ne peut plus se contenter de dire "nada" aux demandes profondes de la société. La crise provoque une obligation nouvelle de la part des pouvoirs publics. Qu'est-ce que c'est qu'une société où on considère que les banques sont plus précieuses que les gens ?"

Pendant plusieurs heures, jeudi matin, François Bayrou a arpenté un hypermarché de la banlieue lilloise. Il a longuement échangé avec les salariés et réaffirmé à cette occasion son opposition "totale" à la généralisation du travail du dimanche. "Personne ne peut imaginer un instant que ça restera volontaire, s'insurge-t-il. Le gouvernement publie des sondages pour faire croire que les Français sont d'accord. Je ne suis pas d'accord et je me battrai contre, parce que c'est mon devoir de me battre pour la défense des plus faibles et je pense qu'une femme seule avec deux enfants fait partie des plus faibles."

"S'il vous plaît, évitez ça, lui ont demandé plusieurs interlocutrices. Battez-vous. On compte sur vous." De quoi lui donner du baume au coeur.
Patrick Roger

« François Bayrou veut défendre "ceux qui souffrent de la crise" (Le Monde)

François Bayrou veut défendre

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