Le président du MoDem était vendredi matin à Aube, près de L'Aigle. Pour écouter, comprendre, soutenir. Et affirmer qu'il n'y a pas d'espoir sans une production organisée.
« Je ne suis pas là par hasard, j'ai été producteur laitier quand j'ai repris l'exploitation familiale après la mort de mon père, je suis très solidaire de la profession », a affirmé d'emblée le ténor du MoDem. « On a de plus en plus de monde derrière nous, ça nous donne du courage », a témoigné Hubert Genissel, producteur laitier à Neuville-près-Sées. Le lait ? « Il part à la fosse », a lâché dépité Pascal Poirier, producteur à Belfonds, membre de l'Organisation des producteurs de lait de la Coordination rurale.
Au bord des larmes
« Le lait, c'est mon truc, c'est ma vie et ouvrir les vannes, j'avoue que ce n'est pas possible. Je n'ai jamais vu autant de paysans au bord des larmes », a confié Valéry Toutain, de la FDSEA, installé à Écorcei. Monique Taupin, productrice de lait bio à L'Aigle, représentante de la Confédération paysanne, a observé qu'une agriculture à taille humaine était incompatible avec les décisions prises à Bruxelles.
Ancien député européen, François Bayrou a défendu l'institution, « Jamais une décision n'est prise à Bruxelles sans l'avis de la France ». Les producteurs ont voulu savoir quelle était l'image de leur mouvement à Paris. « Le monde politique a été sensible très longtemps à l'agriculture, il ne l'est plus parce que le monde rural a moins de poids électoralement et parce que les politiques n'envisagent l'avenir que d'un point de vue économique général », a répondu l'ancien candidat à l'élection présidentielle de 2007.
« L'erreur à ne pas faire en haut lieu serait de vouloir nous opposer », a insisté Jean-Marie Vercruysse. Soudés au sein de l'Association des producteurs de lait indépendants (Apli), les professionnels ont le sentiment, avec la portée européenne de la mobilisation, de vivre à la fois un moment historique et de jouer leur dernière chance.