ElectriqueCe document est une synthèse des travaux de la commission environnement du MoDem Calvados. Il expose rapidement pourquoi ces véhicules ne doivent pas être présentés comme la solution de l'après pétrole et conclue que c'est dès maintenant qu'il faut préparer la société à des changements radicaux en terme de déplacements.

 

Constat :

Actuellement, les transports routiers sont les premiers responsables de l'émission de CO2 en France avec 36% i. La voiture y contribue à hauteur de 69%.
D'autre part, le pic de production de pétrole sera atteint d'ici 20 ans ii. Celui-ci deviendra alors rare et cher.
Dans l'optique de s'affranchir de la dépendance au pétrole, la voiture électrique est une alternative non polluante au véhicule thermique 1, sous réserve que l'énergie qu'elle utilise soit propre. Cette solution est actuellement soutenue par Nicolas Sarkozy au niveau national et par Ségolène Royal dans la région Poitou-Charente.
La question qui se pose alors est celle de l'énergie. En laissant de coté le problème de stockage de l'énergie nécessaire aux véhicules électriques et la polémique sur les ressources en lithium, ou même en admettant que les piles à combustible représenteront une solution si les scientifiques parviennent à stabiliser l'hydrogène pour avoir des véhicules sûrs, il reste le problème de la quantité d'énergie nécessaire pour les alimenter.
Pour remplacer la totalité du parc automobile français actuel et en conserver une utilisation identique, on peut estimer (hypothèse basse ne tenant compte ni des pertes lors de la production et du stockage de l'énergie, ni du transport de l'électricité) à 155 à 194 TWh2*iii l'énergie électrique nécessaire. Cela correspond à 30 à 38% de la production électrique annuelle en France.


Analyse :

Pour faire tourner l'équivalent en véhicules électriques du parc automobile actuel, il faudrait donc augmenter de 30 à 38% la production d'énergie électrique.
Une première possibilité serait de construire les équipements supplémentaires nécessaires à l'absorption de cette nouvelle demande. Le réseau électrique actuel pourrait être utilisé la nuit pour recharger les véhicules en faisant tourner les équipements de production lors des creux, mais il faudrait néanmoins encore produire une quantité d'énergie considérable (de l'ordre de110 à 150 TWh) pour pouvoir alimenter toutes les voitures électriques.
Dans le cas d'une production à partir de combustible (charbon, fuel, nucléaire), ce choix demanderait la construction de nouvelles centrales et conduirait à une consommation plus rapide de la matière première utilisée pour la production de l'énergie, et donc à une raréfaction plus rapide des ressources. Par ailleurs, s'il s'agit de fuel ou de charbon, il y aura émission de gaz à effets de serre lors de la production de l'électricité, sauf en cas de stockage complet du CO2.
Dans le cas du choix des énergies renouvelables, il impliquerait la construction d'équipements colossaux en terme de coût et de place (dans l'hypothèse d'un besoin de 100 à 150 TWh, 50000 à 75000 éoliennes ou 625 à 937 km² de panneaux solaires par exempleiv).
Cette approche permettrait de traiter le problème lié à la pénurie de pétrole sans toutefois proposer une solution à long terme au problème du transport. Elle ne fait que repousser le problème sans vraiment le traiter.
Par ailleurs, d'un point de vue pédagogique, demander d'un coté aux citoyens de réduire leur consommation électrique en faisant l'effort d'acheter des ampoules à économie d'énergie, plus chères, ou en traquant les appareils en veille, pour en parallèle leur proposer une évolution vers des transports électriques individuels parait contradictoire et pourrait conduire à un rejet global de toute politique de réduction de la consommation énergétique.
La seconde voie, qui peut par ailleurs être complétée par la première, consiste donc à faire en sorte de réduire les besoins de déplacement en véhicule individuel. Dans ce cadre, nous pouvons faire un certain nombre de propositions.


Propositions :

1. Développer un nouvel urbanisme visant à limiter les déplacements


Pour les grandes agglomérations :
• Limiter l'extension spatiale des villes, la périurbanisation
• Densifier la population des grandes agglomérations (construction verticale)
• Favoriser la mixité dans tous les quartiers pour rapprocher les salariés de leur lieu de travail
• Redévelopper la vie des quartiers (commerces, loisirs, associations)
• Développer des équipements pour le transport à vélo (pistes cyclables, parking à vélo...)


Pour les communes rurales :
• Redéveloppement de la vie des villages et petites villes
• Incitation au maintien ou à la création d'activité économique dans les communes rurales
• Valorisation de l'agriculture responsable, développement des filières courtes d'approvisionnement, valorisation des déchets pour créer un tissu économique minimum
• Soutien à la création de centres de production locaux d'énergie (biomasse, éolien, géothermie...)


2. Repenser les transports pour réduire la place de la voiture dans la société
• Mettre en place un plan de déplacement des salariés dans chaque entreprise, un ramassage scolaire
• Faciliter le co-voiturage (des voies réservées sur les grands axes routiers, parking relais)
• Encourager la location partagée de voitures, l'usage du taxi


3. Développer les technologies numériques pour amener le monde à domicile
• Achat en ligne
• Travail à distance, à domicile
• Moyens modernes de communication (webcam, internet, ...)


Conclusion :

Le véhicule électrique n'émettant pas de CO2 de façon directe, il contribue moins au changement climatique que les véhicules thermiques, mais il ne parait pas raisonnable de vouloir remplacer tous les véhicules thermiques, condamnés par la pénurie de pétrole à disparaître, par des véhicules électriques. La voiture électrique peut être une alternative pour les personnes isolées à la campagne, pour qui la voiture est un réel besoin, mais il faut trouver d'autres solutions pour la ville : miser sur la réduction de la voiture grâce au réaménagement urbain et aux transports en commun, réduire le temps de transport au maximum : autant de projets trop longs à mettre en place pour attendre.
Le MoDem doit développer l'idée qu'une autre société est possible : la politique c'est d'abord réfléchir à un monde plus cohérent, plus solidaire.
En terme d'action, le MoDem doit :
• d'une part, informer les citoyens de cette conclusion. Il ne faut pas laisser croire que dans les années à venir chacun aura une voiture électrique et qu'il en fera le même usage qu'à l'heure actuelle.
• d'autre part, leur faire part de nos propositions pour réduire les besoins en transport individuel. Il faut anticiper les bouleversements à venir plutôt que d'attendre comme trop souvent d'être face à la pénurie de pétrole et à ces graves conséquences.

 

C'est maintenant qu'il faut agir.

 

1 véhicule à carburant issu du pétrole utilisé actuellement
2 * TWh : tera watt heure, un tera équivaut à mille milliards
i CO2 et transport : contexte et perspective, Isabelle Sannié, ADEME, septembre 2008.
ii Les réserves de pétrole, où en est-on ? IFP, juin 2006
iii calcul fait sur la base de la consommation du parc automobile actuel de 40 et 50 millions de Tep (source ministère de l'industrie
de 2006) et pour rendement de moteur thermique évalué à 35%. 1 Tep = 11 630 kWh
iv base : 2 GWh par éolienne et 160 GWh/an/km² pour les panneaux solaires

 

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Véhicules électriques : une solution sans avenir

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